En couple évidemment, c’est la première idée qui vient, mais pourquoi pas avec une bonne copine, une collègue de travail, un pote, votre colocataire ou votre maman, faire du yoga à deux offre de très jolies perspectives. Il y a le lien humain bien sûr qui s’en trouve resserré, mais il y a aussi tout ce que techniquement dans les postures, cela peut apporter d’être en binôme.
Complètement démocratisée aujourd’hui, la pratique du yoga en France se répand de plus en plus. Et celle du yoga en duo particulièrement. Pour preuve, les images Instagram toutes plus belles les unes que les autres où des couples au bord de la plage s’affichent dans des inversions impressionnantes. Mais ce qui marche avec les postures acrobatiques fonctionne tout aussi bien avec les asanas plus traditionnels et abordables.
Que vous soyez novice ou yogini plus confirmé, zoom sur les bonnes raisons de pratiquer les postures de yoga en duo, avec en prime, quelques petites idées toutes simples pour commencer !
Les bienfaits du yoga à deux
En pratiquant les postures en binôme, on est encore plus dans l’instant présent. En effet, il n’y a pas que son propre corps auquel on doit être attentif. Il faut se connecter à la respiration de l’autre pour caler la sienne dessus, il faut écouter son partenaire et être attentif à ses réactions dans la posture. Il faut aussi mieux comprendre la posture en question de façon à pouvoir accompagner l’autre plus profondément dedans. Il s’agit d’un véritable échange, tant sur le plan énergétique que sur le plan technique. Et par définition, en échangeant, on va plus loin et sûrement mieux.
Il ne faut pas penser que l’idée de faire du yoga en duo est encore une mode farfelue comme on en voit déjà plein autour de cette pratique ancestrale et si traditionnelle du yoga. En réalité, faire du yoga une pratique qui se partage est tout à fait cohérent et sensé. Car bien que discipline solitaire (en effet, on est tout seul sur son tapis qu’on le déroule dans son salon ou dans un cours collectif), le yoga nous invite à nous ouvrir vers l’extérieur, à être plus calme et serein par rapport à lui, à l’accueillir tel qu’il vient, l’ancrage en plus. Donner, recevoir. Voilà bien les deux verbes d’action qui définissent le mieux le Yoga avec un grand Y. Eh bien justement, en le pratiquant en binôme, on saisit encore mieux cette notion essentielle. Avez vous entendu parlé de l‘AcroYoga : allez voir notre article, on parle aussi de « partner yoga ».
Les Amazones Parisiennes durant leurs stages de yoga profitent de ces espace-temps pour faire des « ateliers à deux », notamment à la plage. Des moments où par duo, il s’agit soit de soutenir l’autre, soit de recevoir ce soutien. C’est un vrai moment privilégié pour l’élève. Un moment où il peut mieux comprendre, et mieux ressentir. Les postures deviennent plus confortables et l’élève peut se laisser aller à profiter pleinement et en toute confiance. Les ateliers apportent une lumière, une meilleure compréhension de telle ou telle partie du corps dans la posture. Moins d’appréhension pour certaines. Et toujours, un aspect humain chaleureux et bienveillant qui fait du bien, qui resserre, voire qui crée de réelles amitiés complices.
L’ambition du yoga n’est pas de faire de ses pratiquants des ascètes reculés, des ermites loin des autres et du monde. C’est tout l’inverse. Le yoga, c’est l’ouverture et le partage. Et le yoga à deux en est un très bel exemple.
Quelques idées de postures de yoga en duo
Toutes les postures de yoga ou presque peuvent s’adapter pour faire l’objet d’ateliers en binôme. Il s’agira dans tous les cas soit de la prendre ensemble, en même temps, soit de la faire chacun son tour en profitant du soutien ou de la direction que l’autre vous offrira. Mais quoi qu’il soit, profitez de chaque posture le temps de 10 belles respirations profondes et conscientes. Et savourez, parce que c’est délicieux !
Uttita Sukhasana (le tailleur vers le haut)
Une personne s’assoie dans la posture du tailleur, Sukhasana, puis va étirer ses bras vers le haut, paumes de mains face à face et à la largeur des épaules. Son partenaire lui passe alors une sangle dans le dos, juste sous la pointe basse des omoplates. Il fait face à la personne assise, et il va l’aider à soulever sa cage thoracique et à tourner son cœur (le sternum) vers le ciel en tirant légèrement sur la sangle, vers lui et vers le haut. De cette façon, la personne qui est dans Uttita Sukhasana n’a quasiment plus aucun effort à faire pour lever sa poitrine. Elle peut juste se concentrer sur l’espace savoureux dans lequel elle respire amplement.
Uttkatasana à deux (la chaise)
La variation de cette posture se fait à deux, en même temps. Placez-vous dos à dos, et en gardant les pieds joints, fléchissez vos jambes jusqu’à avoir les cuisses parallèles au sol. Gardez bien toute la surface de votre dos en contact avec le dos de votre binôme. Profitez-en pour en ressentir toute la largeur, ainsi que le mouvement postérieur de votre respiration. Une fois que vous êtes bien installés tous les deux dans la posture, étirez vos bras vers le haut, et mettez les paumes de vos mains ouvertes en contact au-dessus de vos têtes…
Au-delà de la communion qu’il peut se passer dans cette posture tenue à deux, il est intéressant ici de voir que le contact dos à dos permet à l’élève de corriger une faute très courante dans la posture d’Uttkatasana, celle de creuser les reins. Là, le dos est sécurisé par le dos du partenaire.
Ado Mukha Svanasana (le chien tête en bas)
Une personne se place dans la posture du chien tête en bas, tandis que l’autre reste debout derrière elle, côté bassin. Elle va passer ses bras entre les cuisses de la personne dans la posture, de façon à saisir le haut de la cuisse gauche avec sa main droite, et le haut de la cuisse droite avec sa main gauche. Puis en fléchissant ses jambes et amenant le poids de son corps vers l’arrière légèrement, elle va induire un étirement passif de toute la région des lombaires tout en provocant une subtile rotation interne des têtes de cuisses, libérant ainsi les sacro-iliaques. Cette variation de Ado Mukha Svanasana est très efficace pour soulager les douleurs dans le bas du dos, et permet de mieux comprendre les actions à faire seul dans la posture. C’est profondément agréable et libératoire pour la personne qui reçoit, car tout le poids qu’il y a dans les mains est presque totalement allégé, et toute la colonne vertébrale est étirée en douceur.
Ardha Matsyendrasana (la torsion du Sage Matsyendra)
Une personne s’assoie au sol. Sa jambe droite est tendue sur le tapis jusqu’au pied flex, tandis que la jambe gauche est croisée par-dessus avec le pied gauche posé à droite du genou droit. En faisant une rotation du buste sur la gauche, elle saisit le genou gauche avec le bras droit pour le ramener vers sa poitrine. La main gauche est posée sur le sol, en arrière des hanches. Pour la diriger et l’aider à profiter sans contrainte de la posture, son partenaire va se mettre à genou derrière elle. Avec sa main droite posée à plat sur les reins, doigts vers le haut, il va redresser et avancer le buste de la personne dans la posture, et avec sa main gauche posée sur son épaule gauche il va l’aider à aller un peu plus loin dans la torsion.
L’intérêt ici est, le confort de la personne qui reçoit, toujours, mais aussi et surtout la correction d’une tendance dans toutes les postures en torsion assises : l’affaissement du buste sur le bassin, aboutissant à une compression des organes abdominaux internes, chose qui n’est pas souhaitable dans une torsion. Là, avec le soutien du binôme, il n’y a pas d’effort à faire pour tenir le buste droit et le cœur haut tout en pivotant au niveau de la taille. L’action du binôme sur l’épaule de la personne dans la posture amène également un travail passif mais efficace sur l’ouverture de la poitrine. Enfin, la tête est complètement libérée au niveau des cervicales, et la personne peut mieux ressentir cette verticalité si essentielle en yoga.
Avant de vous souhaiter une bonne pratique…
Une toute dernière recommandation destinée à la personne qui « spot » l’autre, c’est-à-dire qui la guide : ne mettez jamais d’action brute, allez-y toujours lentement. De même lorsque vous quittez le corps de votre partenaire. Ne relâchez pas les actions subitement. Mais petit à petit. Au bout des 10 respirations pleines dans la posture, vous pouvez même prévenir doucement votre binôme que vous allez relâcher progressivement. De cette façon vous serez parfaitement en phase dans votre duo, et celui-ci n’en sera que plus profitable !