Véritable façon de vivre depuis des millénaires, le Yoga est devenu aujourd’hui un exercice physique qui omet quasiment toutes les autres branches de cette philosophie. Désormais, le yoga ne se résume qu’aux asanas et au pranayama. Mais cela ne fait pas de cette pratique une mauvaise activité, bien au contraire. Nous restons bien trop assis derrière nos bureaux : il est important de bouger ! Au fil des années sont nés de nombreux styles aux noms exotiques comme le Hatha, le Vinyasa, ou le Kundalini pour ne citer que ceux-là. Les postures de yoga sont diverses et variées, que vous soyez debout, assis, ou sur le dos.
Chaque style apporte ses règles et ses façons de faire, c’est-à-dire un moule précis à respecter scrupuleusement, sous peine de ne pas pouvoir bénéficier des bienfaits tant attendus des postures. Mais qu’en est-il réellement ? Faut-il absolument écouter les instructions au risque de vous blesser ? Pourquoi votre voisin de tapis sait-il parfaitement bien le faire ? Vous réalisez alors que malgré les stricts détails donnés par le professeur, tout le monde ne parvient pas forcément à entrer dans la posture. Rassurez-vous, c’est tout à fait normal !
Votre corps n’est pas celui de votre voisin
Malgré le fait que le yoga soit censé être une pratique d’introspection et de bien-être, vous ne pouvez vous empêcher de vous sentir en concurrence avec la yogini juste devant vous qui sait parfaitement bien faire la posture décrite par le professeur. Ce n’est pas de votre faute : notre société nous met constamment en compétition avec les autres. Pourtant, vous aurez beau essayer et forcer, rien ne vous garantit que vous aurez un jour les mêmes capacités que cette fille que vous admirez tant. La raison est simple : votre corps n’est pas le même que le sien. Cela peut évidemment concerner votre expérience personnelle. Pratiquer la danse ou la gymnastique en étant enfant vous permet d’avoir une meilleure souplesse une fois que vous devenez adulte. Mais ce n’est pas tout : la longueur de vos segments, de vos os, de vos tendons et de vos ligaments joue aussi sur votre posture. Vous pourriez bien ne jamais pouvoir faire un grand écart facial en Upavistha Konasana à cause d’une compression au niveau de vos hanches, ou ne jamais pouvoir poser les talons au sol en Adho Mukha Svanasana (chien tête en bas) si votre tendon d’Achille est trop court. Et ce n’est pas grave !
Le danger des postures
Les professeurs de yoga ne sont pas tous sensibilisés à l’anatomie du corps et aux différences qu’on peut trouver entre deux élèves. C’est notamment le cas de ceux qui ont eu leur certification il y a bien longtemps. Ils pensent vous aider en vous contraignant à faire dans une posture spécifique : ils ont appris d’une façon précise, et il est impossible d’envisager de la modifier. Pourtant, se forcer à entrer dans un moule bien défini peut être dangereux et vous blesser. Cela peut aller de la simple crampe à la déchirure musculaire, et même à la fracture.
Lorsque votre professeur vous ordonne de faire Sirsanasa (la posture sur la tête), et que vous voyez tous vos voisins de tapis de yoga s’y mettre, vous avez vous aussi envie de l’effectuer. Mais si votre nuque est trop fragile, en ne sachant pas vous arrêter lorsque votre corps vous l’indique, vous pourriez vous blesser au niveau des cervicales ou retomber sur le dos et vous faire mal. Le professeur a peut-être fait ses 200 heures de formation il y a 20 ans, il ne détient cependant pas la vérité absolue.
Faire du yoga autrement
Évidemment, il est difficile de tenir tête à son professeur de yoga lorsqu’il vous impose une façon précise de faire une posture. Vous pouvez cependant lui expliquer votre impossibilité de l’effectuer, et demander une modification ou l’utilisation d’accessoires. Par ailleurs, de plus en plus de professeurs de yoga sont désormais sensibilisés aux différences anatomiques de chacun. On retrouve ainsi des cours de yoga basés sur l’exploration et le mouvement plutôt que sur la posture.
Avec quelques variations et en restant mobile, vous obtiendrez quand même les bienfaits de chaque position. Vous n’avez pas besoin de demeurer statique et en grand écart pour étirer vos adducteurs et relâcher le bas de votre dos en Upavistha Konasana. Vous pouvez plier les genoux en Uttanasana et irriguer autant votre cerveau que si vous aviez les jambes tendues.
Aujourd’hui, le yoga peut nous soulager à une seule condition : qu’il ne soit pas une source de stress physique et mental, alors que nous le subissons assez toute la journée. Mettez votre bien-être en haut de votre liste de priorités, et oubliez tout simplement les moules imposés.