Les grands courants philosophiques Pour les nuls

A la lecture des grands philosophes, on se rend compte que bien peu était agnostiques. A la limite de leurs réflexions et comme pour les scientifiques, qui aux limites de la connaissance de leur temps, devant tant d’incompréhension devaient, en désespoir de cause, se résoudre à admettre l’existence de Dieu (en attendant les prochaines évolutions de la science qui en repoussaient la nécessité, un peu plus loin), les philosophes s’en remettaient à Dieu, afin d’expliquer, l’inexplicable.

  • Les grands sujets de réflexion : L’origine du monde, le sens de la vie, la condition humaine, la place de l’Homme dans le monde, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme.
  • Les mythes et les croyances ont précédé la philosophie, permettant d’expliquer, l’inexplicable.
  • La philosophie antique par définition Humaniste : L’Homme est au centre de tout, cette philosophie est basée sur le repos des sens, la mesure et la maitrise de soi.

Les philosophes de la nature

Les présocratiques : Réflexions sur l’Homme et son environnement pour « sortir » des mythes et des légendes.

  • Thalès, Anaximandre, Anaximène (~VIème siècle av. J.-C.) Les philosophes de Millet : Concept d’une substance unique originelle.
  • Héraclide (~IVème siècle av. J.-C.) Une raison universelle qui gouverne tout ce qui se passe dans la nature : Tout est mouvement et rien n’est éternel, raison pour laquelle, on ne peut pas descendre deux fois le même fleuve. Tout se transforme et nos sens sont fiables),
  • Parménide (~515-450 av. J.-C.) Rationaliste : Rien ne peut changer, rien ne peut se transformer (selon sa nature). Pour lui tout ce qui existe, a toujours existé, ce sont nos sens qui sont trompeurs.
  • Anaxagore (~500-428 av. J.-C.)  Le monde est constitué de minuscules parties. ″L’intellect″ structure les formes.
  • Empédocle (~490-430 av. J.-C.) Le monde est constitué de 4 éléments : la terre, l’air, le feu et l’eau. ″L’amour″ unit les parties pour former des corps entiers.

Puis vient Socrate :

  • Socrate (~470-399 av. J.-C.) « Qui ne sait rien », mais qui pose les bonnes questions. Il maintient une démarche aporétique : Selon une méthode qui poussait son interlocuteur à une contradiction insoluble qui apparaissait dans son raisonnement, soit au bout de son argumentaire. Il faisait celui qui ne savait rien. Il interrogeait l’autre en lui posant les bonnes questions.
Socrate
Platon
Aristote

  • Platon (~427-322 av. J.-C.) Distinction entre le monde des idées et le monde des sens (dualisme). Distinction de la réalité entre ce qui est éternel et immuable et ce qui ″s’écoule″. Concept du monde des idées ″Allégorie de la caverne″. Concept d’un état idéal : La République.

Voici des hommes dans une habitation souterraine en forme de grotte, qui a son entrée en longueur, ouvrant à la lumière du jour l’ensemble de la grotte ; ils y sont depuis leur enfance, les jambes et la nuque pris dans des liens qui les obligent à rester sur place et à ne regarder b que vers l’avant, incapables qu’ils sont, à cause du lien, de tourner la tête ; leur parvient la lumière d’un feu qui brûle en haut et au loin, derrière eux ; et entre le feu et les hommes enchaînés, une route dans la hauteur, le long de laquelle voici qu’un muret a été élevé, de la même façon que les démonstrateurs de marionnettes disposent de cloisons qui les séparent des gens ; c’est par-dessus qu’ils montrent leurs merveilles. […]« 

Platon
  • Aristote (~384-347 av. J.-C.) contrairement à Platon qui utilisait sa seule raison et ne se fiait pas à ses sens, considérait que l’innée n’existe pas, qu’il n’y avait que des expériences acquises au court de la vie. Aristote utilisait ses sens pour percevoir le monde, il avait un intérêt pour les phénomènes naturels et faisait une distinction entre les choses inanimées et les êtres vivants. Il a crée 3 niveaux du bonheur et 3 Etats politiques.
Les matérialistes

Démocrite (~460-370 av. J.-C.) Théorie de l’atome : tout est constitué de minuscules éléments de construction éternels et immuables. Les atomes de l’âme sont particulières et ″reconditionnables″. Cette théorie rejoint le concept que l’âme n’est pas immortelle, car liée au cerveau et que nous ne pouvons garder une forme de conscience lorsque le cerveau se décompose.

Les cyniques

Les cyniques considéraient que le bonheur n’est pas dans les choses extérieures et matérielles (Diogène ~400-325 av. J.-C.). Selon eux, nul besoin de se préoccuper de soi ou d’autrui. Acceptation des souffrances qui sont inhérentes à la nature humaine.

Les stoïciens

Héraclite (~540-480 av. J.-C.)  L’Homme fait partie intégrante de la raison universelle ou ″Logos″. Le droit naturel est le même pour tous. Vision ″moniste″ : rejet d’une distinction entre esprit et matière. Acceptation des souffrances (les identifier, sans s’en soucier)

Les Epicuriens

Satisfaction des désirs et refus de la souffrance. Epicure (~341-270 av. J.-C.) La mort ne nous concerne pas.

Le néo-platonisme

Plotin (~205-170 av. J.-C.) Vision manichéenne : D’un coté la lumière divine de l’autre les ténèbres. Expérience mystique (Expérience d’appartenir à un Moi beaucoup plus vaste : Dieu, l’Ame du monde, la Nature universelle. Mystique occidentale : les grandes religions monothéistes – Mystique orientale : fusion totale avec l’âme du monde).

frise chronologique des courants philosophiques

Le moyen-âge

Saint Augustin (354-430) Initialement manichéen le monde est divisé en deux (le bien et le mal) puis conversion au christianisme – Dieu créa le Monde à partir du néant

Saint Augustin

Thomas d’Aquin (1225-1274)  Réconcilier la philosophie et la religion – deux chemins mènent à Dieu : La foi et la raison.

La renaissance

(Fin du XIVème en Italie), XVème et XVI siècle

L’humanisme de la renaissance met l’accent sur l’individualisme. L’Homme n’existe plus seulement pour servir Dieu, mais peut s’épanouir en toute liberté (nouvelle façon de vivre. Marsile Ficin (1225-1274)   ″Connais-toi toi-même, ô race divine, ″déguisée en homme″ – Pic de la Mirandole (1463-1493) Discours sur la dignité de l’Homme. Leonard de Vinci (1452-1519), Erasme (~1466-1536).

Dieu existe au sein de la création (panthéisme qui est mal vu par l’église : inquisition, guerres de religion). Nouvelle perception du monde : Copernic ″Du mouvement des corps célestes″ (conception d’un monde héliocentrique), Kepler (tout l’univers est régi par les mêmes lois physiques), Galilée (la loi de l’inertie). La réforme (Luther).

Nouvelles inventions (la boussole, la poudre, l’imprimerie. Les sciences se développent mettant l’église en péril. La méthode empirique : observations soumises à la perception des sens, expériences, expérimentations.

Le baroque (XVIIème siècle) Terme portugais ″perle irrégulière″

Période de contraste où toute beauté est éphémère : A la vanité et la fatuité s’oppose le caractère éphémère de la vie. ″Carpe Diem″ (cueille le jour) ; ″Memento mori″ (rappelle-toi que tu mourras un jour). Shakespeare ″La vie est un théâtre″.

Conflit entre les courants de pensée ; l’idéalisme (l’être est de nature psychique et spirituel) contre le matérialisme. Thomas Hobbes (1588-1679)  ramène l’existence à des causes matérielles (l’homme et les animaux sont constitués de particules de matière).

Vision mécanique du monde : même nos pensées et nos rêves (époque des automates). Pour Pierre Simon Laplace (1749-11827), la libre volonté est un leurre. Rien ne sera incertain et tout ce qui se passe est décidé à l’avance (Déterminisme)

Les Rationalistes

Selon René Descartes (1596-1650), il faut repartir d’une feuille blanche et définir la vérité, par la seule raison qui est le fondement de la connaissance. Il étudie le rapport entre le corps et l’âme. ″Cogito ergo sum″ (je pense donc je suis). Pour Descartes, le monde est constitué de deux substances, la pensée ou l’âme (la raison) et l’étendue, la matière (vision dualiste).

Point faible le seul fait que l’Homme puisse imaginer un Être parfait prouve l’existence de Dieu, par la seule raison, dans la mesure ou l’Homme n’est pas à même de concevoir l’idée de la perfection.

René Descartes

Pour Baruch Spinoza (1632-1677), profondément anticlérical (banni par la communauté juive pour ses idées subversives), il rejette la religion (constituée de dogmes) et considère que seule la raison amène naturellement à l’existence de Dieu comme une évidence. Il voyait Dieu dans tout ce qui existe (vision panthéiste). L’éthique de Spinoza s’apparente à un art de vivre ou à la morale. Il considère que la vie de l’Homme est déterminée par les lois de la nature. Pour accéder au bonheur, il est nécessaire de se libérer de nos sentiments et nos émotions. Une seule substance est à l’origine de tout (vision moniste) et tout n’est qu’un (pensée et matière). Dieu est la cause immanente de tout ce qui arrive et tout se produit par nécessité (déterminisme), nous faisons partie d’un ″grand tout″ et nous pouvons nous développer ″librement″, mais sans jamais jouir d’une ″libre volonté″ et dans les limites de notre condition. Les passions de l’âme (vanité, désir), nous empêche d’atteindre le bonheur et l’harmonie ″sous l’angle de l’éternité″.

Les Empiristes

(Notamment anglais) Ils rejettent l’idée même de ″l’inné″, considérant qu’à partir d’une feuille vierge, notre connaissance s’établit par l’observation de la nature, des phénomènes et de tout ce qui nous entoure à travers nos sens. Très pragmatiques, ils manifestent une défiance évidente pour l’abstraction qui très souvent, est la porte ouverte à la pensée vide et creuse.

John Locke (1632-1704) Distinction entre les qualités premières (étendue, nombre) et les qualités secondes (couleur), c’est-à-dire la distinction entre la matière et les pensées subjectives.

John Locke

George Berkeley (1685-1753) et David Hume (1711-1776) Distinction entre le moi du sujet et « l’étendue » de la réalité. Par son scepticisme, il s’opposa tout particulièrement à Descartes et aux philosophies considérant l’esprit humain d’un point de vue ″théologico-métaphysique″. Il ouvrit ainsi la voie à l’application de la méthode expérimentale aux phénomènes mentaux. Son importance dans le développement de la pensée contemporaine est considérable : Hume eut une influence profonde sur Kant, sur la philosophie analytique du début XXème siècle et sur la phénoménologie. Il est le précurseur de disciplines qui naîtront bien plus tard, comme les sciences cognitives.

Le siècle des lumières

Philosophie en lien avec le contexte historique portant sur les grands sujets de l’époque : La révolte conte l’autorité, retour du rationalisme, volonté d’éclairer les couches profondes de la population (pédagogie),  l’optimisme culturel, le retour à la nature, la religion naturelle (on ne peut concevoir un monde sans Dieu), vision déiste (Dieu a créé le monde et ne s’est plus manifesté depuis), les droits de l’Homme (droits inaliénables de chaque individu). Retour à une tradition des humanistes antiques (Foi inébranlable dans la raison (le bon sens : ce qui s’impose clairement à l’esprit) de l’Homme). J-Jacques Rousseau (1712-1778)  le retour à la nature, Voltaire (1694-1778),  Montesquieu (1689-1755), Condorcet (1743-1794).

Au XVIIIe siècle, la mise en Lumières de l’Europe

Emmanuel Kant (1724-1804) trait d’union entre les rationalistes et les empiristes, considère que les sens et la raison jouent un grand rôle dans la perception des choses puis de leur analyse. Il introduit les notions d’espace et de temps, notions qui selon lui, sont inhérentes à l’Homme (toute expérience humaine s’inscrit dans l’espace et le temps).

 Notre conscience détermine notre conception du monde. La loi de causalité prévaudra toujours, car l’Homme considère chaque évènement dans un rapport de cause à effet. Distinction entre le « moi connaissant » et la « nature en soi » (« le monde pour moi » et « le monde en soi »).

Concernant les grands problèmes, Kant considérait qu’ils étaient en dehors du champ de la connaissance. Selon un ″postulat pratique″, il présuppose une âme immortelle, lu libre-arbitre et établit l’existence de Dieu par la seule foi, car elle ne peut être établit par la raison. La nature humaine est régie par les lois morales universelles et intangibles.

Schopenhauer (1788-1860) La philosophie de Schopenhauer est inspirée de celles de Platon, d’Emmanuel Kant et des textes sacrés indiens (dont le vedanta) que l’Europe venait de découvrir. Sa philosophie présente également une très forte convergence de points de vue avec la philosophie bouddhiste. Schopenhauer aurait écrit ″Bouddha, Eckhart et moi-même, nous enseignons pour l’essentiel la même chose″. Le concept de Volonté qu’il décrit ressemble assez étroitement à des exemples classiques du ″monisme″, tels que ceux proposés par les Upanishads et la philosophie vedanta. 

Au plan moral, Schopenhauer s’oppose à l’eudémonisme de Spinoza. Au plan métaphysique en revanche, Schopenhauer soutient à l’évidence des thèses beaucoup plus proches de celles de Spinoza que de celles de Kant. La notion d’inconscient est présente dans son œuvre, et sa théorie de la folie engendrée par le trouble de la mémoire est globalement conforme à la théorie freudienne. Proche des empiristes anglais, il s’en éloigne par sa notion de l’inné.

Les Romantiques

Mouvement individualiste qui cultive le ″culte du moi″. Après l’austérité rationaliste, les nouveaux mots d’ordre sont ″sentiment″, ″imagination″, ″expérience″, ″nostalgie″. Les romantiques pensent que seul l’art permet de ″cerner″ l’indicible. Emphasés, exaltés, ils se sentent attirés par la culture et la mystique orientales, par l’étrange (entre rêve et réalité). Ils prônent l’oisiveté et la paresse (similitudes avec les hippies). Leur but est forcément inaccessible (Novalis : ″la fleur bleue″ 1801 ; le chemin mystérieux va vers l’intérieur). Tendances suicidaires (Goethe : ″les souffrances du jeune Werther″ 1774). « Nous ne sommes que le pur produit d’une conscience » (l’ironie romantique – rupture de l’illusion).

Friedrich Schelling (1775-1854) tenta d’abolir la distinction entre l’esprit et la matière. Toute la nature est ″l’esprit du monde″ : ″la nature est l’esprit visible, l’esprit est la nature invisible″ (romantisme universel). Il voit dans « l’esprit du monde », l’origine de l’existence. Pour lui, le monde est « en Dieu ». Dieu est conscient de ce qu’il crée, mais il existe aussi des faces cachées dans la nature qui représente ce qui est inconscient  chez, car il a aussi son « coté nocturne ».

Johann Herder (1744-1803) le cours de l’histoire suivait un processus visant  à un but précis. Il avait une conception « dynamique » en opposition à la vision « statique » des philosophes des lumières. Le romantisme contribua à renforcer l’identité culturelle de chaque nation (romantisme culturel ou national) et s’intéressait surtout à l’histoire, à la langue du « peuple » et qui relevait de la culture « populaire ».

Johann Fichte (1762-1814) idéaliste allemand, initiateur du mouvement pangermaniste, explique que la nature n’est que l’émanation d’une instance supérieure qui prend inconsciemment cette forme (Les principes de la doctrine de la science).

Georg Hegel (1770-1831) met en perspective, la temporalité de la pertinence de la pensée. L’esprit du monde se développe, s’élargit. Tous les systèmes philosophiques avant Hegel (Descartes, Spinoza, Hume, Kant) avaient en commun d’essayer de trouver les critères éternels qui pourraient déterminer le champ du savoir de l’Homme. Pour lui, la raison est quelque chose de dynamique, c’est-à-dire, un processus. De fait, elle est progressive, en perpétuel développement et on ne peut séparer une pensée de son contexte historique.

Selon Hegel, l’esprit du monde se développe pour atteindre une conscience de plus en plus grande, selon un processus « dialectique » (thèse, antithèse, synthèse). L’Histoire n’est que le long éveil de l’esprit du monde jusqu’au stade le plus avancé de de la conscience de lui même. Contrairement aux autres romantiques, Hegel souligne l’importance des « forces objectives » que sont la famille et l’état. Selon lui, il est impossible de s’abstraire de la société. Celui qui ne trouve pas sa place dans l’Etat est une personne antihistorique.

Ce n’est pas l’individu qui vit pour lui-même, c’est l’esprit du monde. L’esprit du monde prend conscience de lui-même en trois phases : dans l’individu (raison subjective), dans la famille et l’Etat (raison objective) puis dans l’art, la religion et la philosophie (conscience absolue). La philosophie est le « miroir » de l’esprit du monde. On dit        que Hegel marque la fin des grands systèmes philosophiques.

La philosophie « existentielle » de Soren Kierkegaard (1813-1855)

Défense d’une conception individualiste : chacun est une personne unique qui ne vit qu’une seule fois. Pour Kierkegaard, Il n’existe pas de vérité essentielle, elle reste subjective et il importe de trouver ce qui est « vrai pour soi ». L’existence de chacun est essentielle. Seule la foi permet d’approcher les problèmes fondamentaux. Elle s’oppose à la raison, utilisée pour des problèmes accessoires.

Kierkegaard considérait qu’il y avait trois attitudes possibles face à l’existence : le stade esthétique (vivre dans l’instant, à la recherche du plaisir) ; le stade éthique (empreint de gravité, dans lequel on vit selon des critères moraux, en considérant que l’essentiel n’est pas de savoir ce que l’on considère comme juste ou faux, mais d’agir en fonction de cette distinction) et le stade religieux (au plaisir des sens ou à l’accomplissement du devoir, on préférera la foi. « Même si cela peut être terrible de tomber vivant entre les mains de Dieu »).

Même s’il condamne le « verbiage » des foules, Kierkegaard décrit l’angoisse comme étant caractéristique de la situation existentielle de l’Homme.

Karl Marx (1818-1883) est communément appelé le philosophe du matérialisme historique. Pour lui, « les philosophes se bornent à interpréter le monde alors qu’il s’agit de le transformer ». Cette phrase marque un tournant décisif dans l’histoire de la philosophie. La pensée de Marx a une visée pratique et politique. Selon lui, les conditions matérielles de la société déterminent de façon radicale notre mode de pensée, considérant que les conditions matérielles, économiques et sociales (qu’il appelle infrastructures) déterminent de nouvelles conditions spirituelles (mode de pensées, institutions politiques, lois, religion, morale, philosophie, sciences qu’il appelle superstructures). Il souligne le poids des forces économiques au sein de la société.

L’infrastructure est composée des conditions de production (ressources), des moyens de production (machines, outils) et des rapports de production (répartition du travail). Comme dans l’Antiquité (maitres, esclaves), les sociétés féodales (seigneurs, paysans), et par la suite nobles et bourgeois, on retrouve une opposition entre deux classes sociales (patrons, ouvriers) et pour Marx, le travailleur est l’objet d’un processus d’aliénation. Le capitaliste détourne à son profit la plus-value créée par le travailleur (l’exploitation).

Par la suite, le marxisme, basé sur la lutte des classes et qui prône une société plus juste (vision initialement socialisme qui après une période transitoire, que Marx appelle « la dictature du prolétariat » tend vers le communisme) s’est scindé en deux : la social-démocratie et le marxisme-léninisme.

Erasmus Darwin (1809-1882) De même que les présocratiques durent s’affranchir des explications mythologiques, Darwin (Biologiste – mouvement naturaliste) dut aussi se libérer de la conception de l’Eglise concernant la création de l’Homme et de l’animal (fruits d’une longue évolution biologique). Cette théorie de l’évolution est  basée sur une sélection naturelle des espèces (animales et végétales), les mieux adaptés qui survivent, évoluent ou mutent en fonction de leur environnement et des conditions d’existence. Le darwinisme démontre que la nature n’est qu’une suite ininterrompue de mutations, dont seules quelques-unes survivront. Ses écrits suscitèrent un tollé général, notamment au niveau de l’église, dans les milieux scientifiques et même au sein de la population.

Sigmund Freud (1856-1934) pensait qu’il existe une relation conflictuelle entre l’Homme et son milieu. Entre ses pulsions et ses désirs, et les exigences du monde qui l’entoure. Selon sa psychologie des profondeurs ou psychanalyse, nos impulsions irrationnelles peuvent être l’expression d’instincts ou de désirs profonds, notamment sexuels, qui déterminent ce que nous pensons, rêvons ou faisons, sans que nos en soyons conscients. Selon lui, nous gardons enfouis au plus profond de nous, tous les souvenirs du passé. Pour guérir ses patients, Freud essaie de faire ressurgir les expériences traumatisantes (qui ont provoqué des souffrances psychologiques) dans le champ de la conscience.

Sigmund Freud

Il détermine le « Ça » (principe de pulsion, de plaisir), le « Moi » qui régule l’opposition entre le principe de plaisir et le principe de réalité, afin de nous conformer aux règles du monde qui nous entoure et de contrôler notre désir de satisfaction immédiate, et enfin le « Surmoi », qui gère les exigences et les préjugés moraux où s’affrontent désirs refoulés et culpabilité. Si le conflit vécu est trop intense (la personne s’épuise à maintenir cet équilibre artificiel entre ses désirs et la réalité), le sujet peut développer des névroses.

L’identification d’expériences traumatisantes enfouies dans l’inconscient (notamment dans l’enfance) permet la guérison. Pour Freud, nous gardons quelque part enfoui au plus profond de notre conscience tout ce que nous avons vu et vécu et si le conscient s’apparente à la partie émergée de l’iceberg, le subconscient ou l’inconscient (évènements refoulés) en constituent la partie immergée. Il voyait dans les rêves (20% du temps de sommeil), « la satisfaction masquée de désirs refoulés ».

L’existentialisme

On regroupe sous ce terme dives mouvements qui ont tous leur origine dans la situation existentielle de l’Homme.

Friedrich Nietzsche (1844-1900) voulut opérer une transmutation de toutes les valeurs, considérant que l’on s’était détourné du monde réel pour le monde des idées (croyances). « Sois fidèle à la terre, n’écoute pas celui qui te promet une vie meilleure dans l’autre monde ».

Martin Heidegger (1889-1976) Sa philosophie appartient au courant phénoménologique, initié au début du XXe siècle par E. Husserl. Elle se singularise par sa manière de faire renaître les plus anciennes questions de la métaphysique qui deviennent des questions concernant « Les êtres humains » que nous sommes, là et maintenant. L’analytique de « l’être-là« , c’est-à-dire de l’homme dans son existence, vise à mettre au jour les structures fondamentales de notre « exister« , structures qui sont censées dégager les conditions de renouvellement de la question de l’homme et de l’Être même.

Bien avant Heidegger, la pensée grecque (les présocratiques) a joué un rôle important dans la philosophie allemande, il suffit de penser à Hegel, Marx et à Nietzche. Critique du nihilisme de Nietzche et critique de Kant, il reconnait à ce dernier, le mérite d’avoir réintroduit la notion de temps dans la compréhension de « l’être« . Lui-même fut sévèrement critiqué en raison de ses liens avec l’idéologie nazie.

Jean-Paul Sartre (1905-1980) fait partie de la branche athée des existentialistes « L’existentialisme est un humanisme » (réflexions sur l’Homme lui-même). Il prétend que l’existence précède toute signification que l’on veut en donner et que l’Homme doit se créer par lui-même. Il doit créer sa propre nature, son essence, car elle n’est pas donnée au départ. Pour lui, l’Homme ne possède pas d’existence éternelle et se poser des questions sur le sens de la vie n’a aucun sens. Nous sommes condamnés à improviser et devons seuls choisir comment nous devons vivre.

Jean-Paul Sartre

« Dans la vie on ne fait pas ce que l’on veut mais on est responsable de ce que l’on est. » 

est la citation la plus célèbre de Jean-Paul Sartre 

Comme Kierkegaard, Sartre se réfère à « l’angoisse » de l’homme face à sa condition. Il ajoute que ce dernier se sent « étranger » dans un monde dépourvu de sens, rejoignant les thèses de Hegel et de Marx. Face à cette absurdité, il considère que « l’homme est condamné à vivre libre et faire des choix. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même et cependant libre. Car une fois qu’il est jeté dans le monde, il est responsable de ce qu’il fait ». Pour Sartre, les problèmes existentiels ne peuvent pas se régler une bonne fois pour toutes. Une question philosophique est par définition une chose à laquelle chaque génération, voire chaque personne, est et restera confrontée.

A l’homme de faire en sorte d’être autre chose qu’un pantin. Contrairement aux nihilistes, Sartre pense que la vie doit prendre un sens. Pour lui, la conscience est toujours « conscience » de quelque chose et ce quelque chose est autant dû à nous-même qu’aux conditions extérieures.

Hannah Arendt (1906-1975) Sa philosophie politique échappe aux catégories traditionnelles de la pensée politique. Elle distingue et hiérarchise selon leur ordre d’importance trois types d’activités qui caractérisent la condition humaine : le travail, l’œuvre et l’action. Le travail chez Hannah Arendt correspond à l’activité visant à assurer la conservation de la vie, par la production des biens de consommation subvenant aux besoins vitaux. En cela, il renvoie d’une part à la nécessité, d’autre part à la production de ce qui est rapidement consommé et donc de ce qui doit être constamment renouvelé, ne créant ainsi aucune permanence. En ce sens, elle critique l’essor du social et de l’économique (c’est-à-dire de l’activité travail, vouée à la production des biens de consommation et non à l’édification de ce qui s’inscrit dans la durée) au détriment de la politique, et ainsi dénonce la disparition de la sphère publique au profit de la sphère privée et de ses valeurs (production, consommation).

L’œuvre, qui caractérise l’humain désigne pour Arendt la production d’objets destinés à l’usage plutôt qu’à être simplement consommés. Elle dénonce la massification de la culture et la transformation de l’art en objet de consommation. Hannah Arendt situe l’action, caractérisant l’humain comme animal politique expression reprise à Aristote, l’une des principales influences d’Arendt. C’est par l’action que l’humain produit de la nouveauté véritable, car inattendue, imprévisible, et irréductible à la simple « causalité« . Par-là même, l’action, par laquelle seulement l’humain peut exercer sa liberté, est aussi liée à la notion de « fragilité« , puisqu’il résulte de l’action et de la liberté une instabilité et une indétermination concernant l’avenir. De fait, Arendt ne conçoit pas la liberté comme une souveraineté de la volonté intérieure ou un « libre arbitre«  et selon elle, il ne faut pas chercher à maîtriser toutes les conséquences de ses actes, puisque celles-ci ne sont pas prévisibles.

Ses réflexions sur l’action ne l’ont pas empêché de s’interroger sur le rôle de la pensée. La pensée a un rôle purgatoire. Elle est l’occasion de se retirer du monde, de s’en rendre spectateur. C’est en restant ainsi dans le domaine privé qu’il est possible d’utiliser la volonté pour décider ce qui est bien et ce qui est mal. Mais c’est surtout par cette purgation par la pensée qu’il est possible face à un événement dans le domaine public de faire preuve de discernement, de juger ce qui est beau et ce qui est mal. Mais elle se méfie de ceux qu’elle qualifie de professionnels de la pensée, tels les philosophes, en remarquant qu’ils s’allient trop souvent avec des dictateurs, à l’exemple de Platon ou de Heidegger. Elle défend la position de Socrate, penseur qui, selon elle, ne prétendait à rien.

À propos de l'auteur ...

Photo of author

Nos invitées Amazones

Nous avons le bonheur de partager les récits et enseignements de femmes médecines. Les femmes qui nous sollicitent ont des capacités de soin et de guérison. Certaine d'entre elle soignent avec leur main, leur voix ou tout simplement avec leur art.

Si les mots qu'elles ont partagées vous touchent n'hésitez pas à prendre contact avec elle découvrir leur technique de soin.
On les remercie du fond du coeur de contribuer à cette belle et grande famille que sont Les Amazones Parisiennes.

Notre Mantra : Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin...