Le curcuma et le gingembre sont des épices savourées et appréciées pour leurs multiples bienfaits depuis des années. En Asie, elles sont consommées depuis l’antiquité pour leurs vertus thérapeutiques : anti-inflammatoires, antioxydantes, elles aideraient à la digestion, boostent l’immunité du corps et rendraient le teint éclatant. Partons à la découverte de ces aliments « miracles ».
Le curcuma et le gingembre, des racines thérapeutiques ?
Plantes poussant en Asie, principalement en Inde, mais aussi en Afrique, elles sont riches de millénaires d’histoire culinaire, mais également thérapeutique. Si elles sont encore peu exploitées dans la médecine occidentale, elles possèdent leurs lettres de noblesse dans l’ayurvéda, médecine naturelle reposant sur l’harmonie entre le corps et l’esprit.
Simone Hunziker, spécialiste de la médecine ayurvédique et médecin praticienne, explique sa vision sur la médecine traditionnelle et la médecine ayurvédique et l’importance qu’elles revêtent toutes deux dans le quotidien :
« Je fais partie d’une génération qui a vécu les sommets de la médecine classique, qui demeure inégalée en termes de chirurgie, technologie, diagnostic, urgence et soin intensif, on ne peut pas dire le contraire. Mais concernant la santé, le médecin praticien y est confronté au quotidien dans son cabinet, avec son patient. Comment maintenir la santé et la restaurer sans être confronté à la problématique du patient qui revient fréquemment avec la même souffrance, voire amplifiée par des effets secondaires ? La médecine classique combat la maladie, tandis que la médecine ayurvédique se focalise sur la santé, elle veut la préserver et la restaurer, voilà la différence. »
Le curcuma et le gingembre sont des rhizomes et ils présentent, en cuisine tout comme en médecine ayurvédique, des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Mais ces épices pleines de bienfaits se doivent d’être associées avec d’autres plantes pour une efficacité optimale, comme le poivre ou le cumin. Ainsi, elles peuvent être indiquées pour les maladies cardio-vasculaires, en cas de fièvre et peuvent avoir un effet sur le cholestérol.
En médecine chinoise traditionnelle, ces racines ont également toute leur place. Hong Guang Dong, médecin spécialiste, met également en avant ses propriétés.
« Le gingembre et le curcuma sont largement utilisés dans la médecine chinoise traditionnelle, pour le gingembre, la première mention date de 206 av. J.-C., pour le curcuma, c’est un peu plus tardif. »
De même que pour les praticiens de l’ayurvéda, la médecin traditionnelle chinoise préconise d’utiliser ces épices en synergie avec d’autres plantes pour une meilleure efficacité.
« Quand nous parlons de médication, il y a des indications pour les propriétés ainsi que des précautions à prendre. Par exemple, pour le gingembre, nous savons qu’il a de nombreuses propriétés. Il pourrait éliminer le rhume, il a un effet anti-vomitif, il réchauffe l’estomac, et il peut éliminer les toxines. Mais il y a des précautions à prendre en cas d’affaiblissement du corps accompagné de fortes transpirations. »
Comme l’aromathérapie, il est important de suivre les conseils des professionnels de la santé quant à l’utilisation de curcuma ou de gingembre à des fins médicales. Il est également important de prendre la juste dose et de ne pas considérer ces aliments comme des « remèdes miracles. »
Du point de vue de la « médecine classique », ces remèdes anciens ont des qualités indéniables. Le professeur Thierry Buclin commente ainsi le sujet :
« Il y a certains effets que l’on peut retenir. Pour le gingembre par exemple, il y a un effet anti-nauséeux qui est assez probable aux vues des études et diverses observations effectuées qui sont contrôlées, il y a des effets anti-inflammatoires que plusieurs études reconnaissent également et qui correspondent à cette activité anti-inflammatoire que l’on peut voir au microscope. Il y a une convergence d’arguments qui va dans ce sens, de même pour l’action antioxydante, le gingembre et le curcuma, ces aliments qui sont riches en composés phénoliques dont on sait qu’ils sont plutôt bons pour la santé, qu’ils possèdent un effet préventif sur l’athérosclérose, etc. »
Bien que ces effets soient de plus en plus attestés, il n’existe, dans la pharmacopée traditionnelle, que six médicaments ayant pour principe actif le gingembre et/ou le curcuma, tous dans la sphère digestive, dont un seul est pris en charge par la sécurité sociale.
Le grand boom des racines « miracles », attention aux arnaques ?
S’il est indéniable que ces racines sont bonnes pour notre santé, il faut faire attention au marketing et aux promesses des industrielles qui surfent sur la tendance de la médecine « douce » et du « super aliment ». Notre société change et tend à se tourner vers une alimentation plus saine et plus écoresponsable et notre quête de « mieux vivre » peut devenir une cible facile pour des vendeurs peu scrupuleux.
Le docteur naturopathe, Raphaël Perrez, met en garde contre ces astuces industrielles, notamment concernant le curcuma. Il met en avant que le curcuma possède un faible taux de curcumine, le principe actif de l’épice, seulement 1 % à 3 %. Pour qu’elle soit efficace, elle est souvent associée à de la pipérine, la molécule du poivre. Dans de nombreuses gélules vendues, le taux de curcumine est bien trop faible pour que ses effets soient notables. Le problème réside surtout dans les allégations mensongères promettant des résultats miraculeux.
« Le curcuma c’est une racine, généralement consommée sous forme de poudre, mais le curcuma qu’on nous vend, généralement ce n’est plus ce genre de produit naturel. »
Le coach santé met en avant la forte probabilité que de nombreux produits vendus comme « naturels » soient issus de l’agriculture intensive, comportant des pesticides. Ces vérités sont souvent camouflées par des descriptions gonflées et vendeuses « le curcuma le plus puissant du monde, satisfait ou remboursé. On en parle de plus en plus, à la télévision, dans les journaux. »
Vantés par des superlatifs, ces produits pointent du doigt le nouvel ennemi du corps : l’inflammation. Mais selon le docteur Raphaël Perez, l’inflammation est un signal naturel du corps, indiquant un dysfonctionnement. Si l’on traite le symptôme et non la cause, l’on risque de passer à côté du vrai problème.
Il est donc important de prendre du recul et de faire un tri parmi toutes les offres qui pullulent sur le marché.
Conclusion :
Le gingembre et le curcuma sont des aliments riches en qualités, nutritionnelles et pleines de bienfaits pour le corps. Leurs propriétés sont effectives bien qu’encore à démontrer sur de nombreux points par la médecine traditionnelle, elles restent accessibles pour apaiser bien des maux. Il faut cependant demeurer vigilants et toujours prendre en compte les conseils des professionnels de la santé et prendre des pincettes sur les allégations miraculeuses qui les entourent.
Sources: Dr. Raphaël Perrez, Curcuma, l’illusion de l’épice anti-inflammatoire, anticancer ici
Le gingembre et le curcuma, des aliments miracles ? ABE-RTS ici