L’histoire du Kimono

Le kimono est un vêtement japonais emblématique connu dans le monde entier. Symbole de raffinement, de luxe et de délicatesse, il était à l’origine un sous-vêtement, avant de s’émanciper et d’investir les évènements les plus fastueux. Le kimono est l’un des rares habits à avoir traversé les siècles, pour nous parvenir sous sa forme intacte et à ne s’être jamais démodé ! Aujourd’hui encore, le kimono est partout, ancré dans la tradition, dans nos maisons et même sur les podiums des plus grandes marques en vogue.

QUE SIGNIFIE KIMONO ?

Le mot kimono se décompose comme suit : 着物, ou kiru, qui signifie « porter sur soi » et 物, mono, qui veut dire « chose ». Donc kimono a pour signification « chose que l’on porte sur soi ». On distingue trois formes de kimono :

  • Le kosode, avec des petites manches étroites
  • L’osode, dont les bras sont largement ouverts
  • Le furisode, dont les manches très longues possèdent de grandes ouvertures

ORIGINES ET HISTOIRE DU KIMONO

Les premières traces du kimono apparaissent bien sûr au Japon, au VIIème siècle tandis que le Japon est sous influence chinoise. À cette époque, il s’appelle kosode, il s’agit d’un sous-vêtement que l’on porte avec un pantalon, une jupe longue ou une grande veste large. Dans la haute aristocratie, le kimono est porté sous des couches de vêtements (pouvant aller jusqu’à 12 !) qui sont superposées et cousues ensemble chaque matin.

Au VIIIème siècle, durant la période Nara, les codes vestimentaires sont redéfinis et le kimono indique désormais qui on est et quelle place l’individu occupe au sein de la société. La période Heian (794 – 1185) est marquée par la rupture diplomatique entre le Japon et la Chine. À cette époque, les kimonos se colorent et se parent, ils reviennent au goût du jour et son remarquables de par leur finesse. Ils changent au rythme des saisons, de l’occasion, du rang social de la personne ou de son âge.

On observe aussi une différenciation entre les kimonos pour homme et ceux pour femme. Désormais, le kimono « s’extériorise », il est revêtu de motifs tissés et somptueux. Au XIVème siècle, pendant la période Muromachi (1392 – 1573), le kimono se porte par-dessus les autres vêtements. Il est de plus en plus épais pour protéger du froid. C’est l’habit que portent les femmes de la haute société durant les cérémonies officielles. Par respect pour la tradition, les femmes célibataires portent un kimono à manches courtes, et les manches sont rallongées après le mariage. La mère de la mariée porte un kimono noir avec des motifs sous la taille à l’occasion des noces. À l’époque d’Edo entre 1600 et 1868 le kimono est l’habit traditionnel japonais par excellence. Il est désormais porté par tous, hommes et femmes quel que soit leur âge, leur condition, leur morphologie. De grandes maisons de mode ouvrent à Kyoto et dans le reste de l’Empire. La paix est relative, les marchands s’enrichissent et commandent désormais des kimonos aussi resplendissants que ceux de la noblesse.

Les femmes revêtent des tenues extravagantes en termes de broderies, de teinture et de tissage. Les décors sur le bas du vêtement sont colorés, et on trouve aussi de jolis motifs au niveau du col. Le centre du kimono cependant est peu décoré car il est caché par la ceinture. Entre 1750 et 1850, c’est-à-dire dans la seconde moitié de l’Ère d’Edo, le kimono est simplifié, il perd progressivement son extravagance stylistique. Les ornements et les motifs sont simplifiés, et le kimono arbore désormais des motifs géométriques. Les couleurs sont plus neutres. On trouve de plus en plus de yukata, de kimonos en coton. Durant l’ère Meiji, entre 1867 et 1912 l’influence occidentale et l’ouverture du Japon mettent à mal la tradition du port du kimono traditionnel. Celui-ci se transforme pour satisfaire au goût des occidentales et les cultures fusionnent pour créer des vêtements au lignes et aux motifs plus abstraits. Enfin, au début du XXème siècle, c’est l’Ère Shôwa. Le kimono n’est plus porté que pour les grandes occasions. Les japonais qui n’ont plus forcément les moyens ni l’envie d’investir des fortunes dans cet habit de fête en louent pour les grandes occasions. On retrouve de nos jours le kimono sous différentes formes et notamment dans la mode.

LA FABRICATION DU KIMONO TRADITIONNEL

La conception du kimono comporte plusieurs étapes

LE TISSAGE

Le tissu peut être uni ou bien avoir des motifs colorés, les fibres utilisées peuvent être toutes de même taille ou être travaillées de façon à donner du relief au rendu final.
On tisse des rouleaux de plusieurs mètres, toujours de 35 cm de largeur. Les pièces de forme rectangulaires sont ensuite assemblées pour la fabrication du kimono.

LA TEINTURE

Dans un premier temps, on définit la couleur prédominante, puis viennent les détails. On cuit le tissu à la vapeur avec de la poudre naturelle afin que le tissu obtienne la teinte voulue.

Les formes sont rajoutées grâce à une technique de calque et le tissu est agrémenté de détails et de fioritures avec des pinceaux. Puis le tissu est séché avant d’ajouter des ornements, comme de la broderie, des fils ou des feuilles d’or. Cette étape peut durer jusqu’à quatre semaines en fonction de la complexité du motif.

L’ASSEMBLAGE

Enfin, les pièces sont assemblées entre elles, côté gauche avant et arrière, côté droit, les manches, le col et l’okumi, une pièce placée à l’avant sous le col.

LE KIMONO DES GEISHAS

Ici, nous parlons de la tenue traditionnelle en soie et faite main, d’une très grande valeur, pouvant atteindre plusieurs milliers de dollars ! Ces kimonos sont différents des kimonos classiques portés par la population, ils sont plus longs et autrement décorés. Ils sont fermés par le obi, la ceinture traditionnelle. L’art du kimono pour les geishas est régi par un code très formel et complexe.

Tout d’abord, la tenue et les motifs diffèrent en fonction du niveau d’expérience de la geisha. Les jeunes geishas, ou maiko, portent des kimonos de forme furisode aux motifs colorés et originaux. Celui-ci est agrémenté d’une ceinture, obi darari, qui mesure jusqu’à 10 mètres de long. Il est noué dans le dos en un nœud large qui remonte jusqu’aux omoplates et retombe jusqu’au sol en formant une traîne. On appelle ce kimono le hikizuri.

Les maiko portent aux pieds les traditionnelles Tabi, qui sont des chaussettes blanches, ainsi que des sandales en bois compensées très épaisses. Les plus expérimentées revêtent le tomesode, plus court, aux manches plus courtes et brodé de couleurs et de motifs plus subtils, avec un code blanc qui remonte plus haut au niveau du cou. Leur obi est noué en un nœud dit « de tambour », comme replié sur lui-même et sans traîne. Leurs sandales en bois appelées zori possèdent une semelle plus fines que celles des geishas apprenties. Le kimono des geishas pèse très lourd, jusqu’à 20 kg ; elles sont aidées par le seul homme de la maison (okiya) afin de l’enfiler.

L’ART ET LA SYMBOLIQUE DU KIMONO

Comme nous l’avons vu, depuis l’époque Edo les kimonos sont plus richement décorés. Les motifs sont empruntés aux éléments de la nature, on retrouve des fleurs, des animaux qui ont une signification symbolique.

Ainsi, on trouve des pins ou des tiges de bambou, des libellules, des fleurs diverses, des tortues ou encore des grues. Les motifs sont espacés afin que la couleur prenne le dessus et que les imprimés respirent afin de conserver l’harmonie globale du kimono.

Les motifs sont artistiques, spirituels ou symboliques, par exemple la grue et la tortue représentent la longévité. Certains imprimés sont des symboles de prospérité, d’énergie ou de bonheur.

La décoration du kimono est si implantée dans la culture japonaise qu’elle devient un art à part entière. Des peintres tels que Nishikawa Sukenobu et Hishikawa Moronubu éditent chaque année des catalogues des motifs, inspirés de la nature au fil des saisons.

LE KIMONO DANS LA MODE ACTUELLE

Désormais, le kimono n’est porté qu’occasionnellement au Japon pour les cérémonies et les fêtes. Cependant il est présent en Occident sur les podiums et dans les grandes maisons de luxe ainsi que dans les magazines de mode. En 2017, le musée Guimet expose 150 modèles de kimonos féminins appartenant à la collection Matsuzakaya. La même année Christian Louboutin s’inspire des motifs de kimono pour créer des bottines.

Pour sa saison printemps été 2018, la maison Margiela met à l’honneur le kimono, et de grandes marques comme Balenciaga, Yves Saint-Laurent ou Alexander Mac Queen s’en inspirent.

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emilie