Sous la glycine
J’ai écouté
Les abeilles en ballet
Sous la glycine
J’ai dégusté
Tes parfums ensoleillés
Sous la glycine
J’ai contemplé
La chrysalide ensommeillée
Sous la glycine
Mon coeur s’ouvre à aimer
Mes sens à s’émerveiller
Et mon âme à être enseignée
Par ton Esprit, ô douce liane !
(…)
Texte et photos : « Glycine », 22.04.20, Héloïse Martin.
Suite du poème et autres textes sur @lesballadespoetiques
En écoute : « Bountiful, Blissful and Beautiful », Siri Sadhana Kaur
La poïetique (étude des processus de création et du rapport de l’auteur à l’œuvre) de ce poème :
À l’image des Ballades Poétiques « physiques » dans Paris, je vous propose de vous guider dans les symboliques et les archétypes rencontrés sur le chemin qui m’ont fait éclore ce poème, le tout accompagné de textes poétiques d’auteurs qui me sont précieux.
Ce chemin sur lequel nous oeuvrons chaque jour, intérieur et extérieur, nous souffle à toutes et à tous sa poésie et nous demande juste de l’écouter, de l’incarner, voire la partager. C’est ainsi que je vous dévoile quelques pas sur ce chemin, par un poème, au rythme de la lune.
Cette glycine par exemple, rencontrée il y a quelques semaines, m’a appelé, telle une abeille attirée par ses couleurs améthyste et ses formes en grappe. Quelle joie d’être allée vers elle, d’y sentir son singulier parfum, d’écouter le bruissement des ailes des abeilles, de toucher ses pétales et ses feuilles, d’admirer les rayons de lumière entre ses fleurs. Une glycine dans laquelle je me suis totalement immergée. La raconter en poésie est lui rendre hommage.
C’est aussi écouter ce qu’elle a à me dire. Tout ce qui nous entoure ayant pour moi, une symbolique, un message.
La symbolique de la glycine :
Le message de la glycine est de nous questionner sur nos liens et nos attachements. En effet, la glycine est une liane grimpante, au tronc parfois tortueux, qui s’enroule autour de matériaux robustes. Quelles sont nos noeuds ? Avons-nous tendance à écraser ou à étouffer ceux que nous entourons de notre affection ? Nous sentons-nous étouffer, par certaines liens, par notre entourage ? Car la glycine dit « j’aspire à votre amour ». Elle nous rappelle que nous désirons être aimé et c’est ainsi que nous créons des attachements au point parfois d’être envahisant ou de se sentir étouffé.
Je pense alors à cette phrase, partagée par Zoé des Allumettes, cette magie de voir des mots incarner sa voix intérieure :
“Il ne faut pas que tu aies tout le temps envie d’être aimé(e). Il faut juste que tu saches que tu es tout le temps capable d’aimer. Et que tu t’en souviennes toujours. » Serge Marquis
Elle nous parle aussi de notre relation à l’abondance, ces fleurs s’ouvrant en grappe. Pour autant, elle est vénéneuse et nous alerte alors sur une abondance purement matérielle et financière qui devient alors vénale, un venin. Son abondance est dans sa beauté et non uniquement dans sa matérialité. Ses fleurs, ayant la tête vers le bas, nous enseignent l’humilité et l’intériorité (à l’image du muguet, qui arrive bientôt!) dans cette relation entre matière et esprit.
Enfin la glycine est symbole d’immortalité car sa croissance s’effectue pendant près de 50 ans. La plus vieille glycine du monde se trouve au Japon et a plus de 1200 ans d’âge. Elle est particulièrement admirée au Japon, presque autant que le sakura – cerisier. Elle est associée à la noblesse par sa couleur violette. Son parfum pourrait repousser les mauvais esprits et sa longévité accueillir les kamis, divinités shintoïstes. C’est pourquoi il y en a souvent près des sanctuaires shintoïstes. En Chine, elle est plantée vers la lune car les rayons lunaires lui permettraient de prospérer.
Sa couleur violette évoque aussi sa dimension lunaire et mystérieuse, celle de la spiritualité.
Cette liane incarne donc nos polarités : le soleil et la lune, le mortel et l’immortel, le détachement et l’attachement, etc.
Elle nous appelle à l’union et à l’équilibre, au risque sinon de tomber dans un excès, venimeux et étouffant. Cet équilibre étant possible par l’humilité et l’intériorité, par une croissance spirituelle, longue et patiente.
C’est aussi ce que nous propose cette Nouvelle Lune, en Taureau, symbole de nos possessions, voire de nos excès.
De notre sécurité-ancrage allié à notre fécondité-détermination pour s’ouvrir à l’abondance divino-humaine.
La première lettre sacrée hébraïque étant Aleph, A, une tête de taureau inversée : la verticalité de l’être.
Je vous invite à lire le texte d’Emilie sur cette Nouvelle Lune, publié aussi sur le blog, pour en savoir + sur cette lune.
La Nouvelle Lune nous invite à poser nos intentions, et celle-çi en particulier, à les matérialiser et à les incarner.
Je vous propose alors ci-dessous d’éveiller et incarner votre poésie intérieure, comme je le fais lors des Ballades « physiques » dans Paris :
Invitation à l’écriture intuitive – se laisser être touché et être enseigné :
Que dit cette symbolique sur votre réalité intérieure, aujourd’hui, ici et maintenant ?
Que vous enseigne-t-elle ?
Quelles évocations surgissent en regardant cette photographie ?
À écrire sans se juger et sans se censurer : laissez couler vos mots.
L’écriture intuitive est proche de l’écriture dite « automatique » des surréalistes : écrire tout ce qui vient à l’esprit,
en faisant des associations libres d’idées afin d’écouter son inconscient parler.
En écho à la glycine, s’ouvrir à la poésie mystique :
Mon chemin m’a guidé de la poétique glycine vers Rûmi, poète-mystique (les deux allant souvent de pairs) soufiste,
les Ballades Poétiques se voulant être un espace de dialogues interculturelles : historiques, philosophiques, anthropologiques et spirituelles.
EXTRAIT DU POÈME DE RUMI (DIWAN SHAMS TABRIZI)
TRADUCTION PAR LEILI ANVAR
J’ÉTAIS MORT, JE DEVINS VIVANT ;
J’ÉTAIS EN PLEURS, JE DEVINS RIRES
LE RÈGNE DE L’AMOUR EST VENU, ET MON RÈGNE DEVINT ÉTERNEL
J’AI LE REGARD RASSASIÉ ET J’AI L’ÂME COURAGEUSE
J’AI LE COURAGE DES LIONS ; JE DEVINS VÉNUS ÉCLATANTE.
IL ME DIT : TU N’ES PAS FOU, TU N’ES PAS DIGNE DE CETTE MAISON !
JE PARTIS, JE DEVINS FOU, JE DEVINS LIEUR DE CHAÎNES
IL ME DIT : TU N’ES PAS IVRE, VAS ! TU NE FAIS PAS PARTIE DE MA BANDE !
JE PARTIS, JE DEVINS IVRE D’ALLÉGRESSE, REMPLI.
IL M’A DIT : TU N’ES PAS MORT, TU ES REMPLI D’ALLÉGRESSE
DEVANT SA FACE DE RÉSURRECTION, JE DEVINS MORT, RENVERSÉ.
IL ME DIT : TU ES UN PETIT MALIN, IVRE D’ILLUSIONS ET DE DOUTES
JE DEVINS BÊTE, HÉBÉTÉ, DE TOUT JE ME SUIS DÉTACHÉ
IL ME DIT : TU ES CHANDELLE, DEVENU PÔLE DE CETTE ASSEMBLÉE
JE NE SUIS NI CHANDELLE, NI ASSEMBLÉE,
JE DEVINS FUMÉE DISPERSÉE.
IL ME DIT : TU ES MAÎTRE ET SEIGNEUR, TU ES CHEF DE FILE ET GUIDE !
JE NE SUIS NI MAÎTRE NI CHEF,
JE NE SUIS QUE TON SERVITEUR.
Invitation à l’écriture intuitive – accueillir et recueillir les mots-images :
Qu’est-ce que ces mots vous évoquent à leur lecture ?
Quels sont ceux qui vous touchent ?
Notez-les, dessinez-les, écrivez-les.
Vous pouvez aussi écouter ce poème par Leili Anvar afin d’accueillir par un autre sens ces mots
et en découvrir davantage sur cette femme que j’admire tant,
sur http://www.instagram.com/lesballadespoetiques
Invitation à l’écriture intuitive – incarner votre poésie intérieure :
Enfin, suite à tout ce que vous avez récolté lors de cette ballade dans la poésie de la glycine,
ces images, ces mots, ces sensations que vous avez notés,
je vous propose que vous écriviez un texte poétique (poème, conte, fables…)
ou une oeuvre poétique plastique (dessin, danse, modelage…)
La « poésie » étant
à entendre à mes yeux*
(* »ceux qui ont des yeux qu’ils voient et ceux qui ont des oreilles qu’ils entendent »
nous disent les textes sacrés judéo-chrétiens
et « regarde avec tes oreilles »
nous dit Shakespeare dans Le Roi Lear)
pas uniquement un genre ou un style littéraire
mais en tant que flamme de création,
du grec « poïesis » : faire oeuvre.
Ce qui « fait passer du non-être à l’être
» (Platon, Le Banquet, 205 b).
La poésie est alchimiste et fait germer notre graine d’éveil vers son fruit.
Partagez-nous vos fruits poétiques, du jour et de la nuit,
en tagguant @les_amazones_parisiennes et @lesballadespoetiques.
Douce Nouvelle Lune poïétique,
Héloïse