Léa swan

Imaginez vous marcher à tâtons dans l’obscurité. Vous savez, ces moments où vous doutez de tout et surtout de vous même. Ces instants où vous n’êtes plus certaine de rien, où tout vous semble flou, où plus rien n’a de sens. Et si, à cet instant précis la sagesse commençait à se dessiner. Se perdre pour entrevoir la lumière. Nous avons tous une part d’ombre en nous, il faut qu’elle existe pour que le jour puisse ainsi cohabiter dans chaque être. Je vous souhaite avec tout mon cœur d’avoir un jour l’opportunité de rencontrer Léa. Constater que c’est en faisant l’expérience d’ « abandonner  » tout ce qu’on pense être , afin d’ entrevoir la multitude de facettes qui nous constitue et en faire l’expérience dans cette vie ci.

QUEL À ÉTÉ TON PARCOURS ?

C’est mon meilleur ami du lycée qui m’a donné l’idée d’être comédienne, en me le lançant comme ça l’air de rien : « pourquoi tu serais pas comédienne ? » il disait ça car j’adorais faire la clown et des jeux de mots , alors je l’ai attrapé au vol et me suis lancé .

Il n’y avait que lui et ma meilleure amie qui me voyait comme j’étais vraiment et non pas comme ma famille me voyait : une petite fille introvertie et sage comme une image. Je suis arrivée à Paris à 18 ans pour faire une école de théâtre, L’Eponyme, je n’y connaissais pas grand chose, j’avais juste fais deux ans de théâtre impro au lycée. J’ai découvert alors la vie parisienne, la folie de cette ville, la culture foisonnante, la solitude, le stress et les joies, puis le nombre de beaux mecs au mètre carré (je trouvais ça impressionnant comparé au Nord).

J’ai déménagé 3 fois la première année, j’ai commencé à écrire des textes dans le métro et rater de plus en plus souvent mon arrêt. Tout cela m’a beaucoup inspiré et nourrie. Entre école de musique, licence de musicologie, conservatoire de jazz, maison d’acteurs, Je n’ai jamais arrêté de me former.
J’ai créé une Jam session qui s’appelait la Jam de Telmah, pour Hamlet à l’envers, j’avais pour passion de slammer du Shakespeare dans mes jams.. Ça m’a permise de rencontrer pleins d’artistes et mélomanes et d’agrandir mon cercle de belles personnes.


J’ai commencé à vraiment travailler en tant que comédienne à 25 ans, j’ai d’abord commencé par des courts métrages étudiants pour faire ma bande démo,j’ai ensuite fais des publicités, web-séries, séries, reconstitution historique, un long métrage et en parallèle je n’ai jamais arrêté de chanter.

Cette année on a créé un collectif de femmes musiciennes qui s’appelle « La Sulfureuse » , on se disait : plutôt que de faire les choses séparément, faisons les mêmes choses mais ensemble ! Ça nous donne de la force.

Collectif la sulfureuse
Amaurie, Club Célest ,Suzanne Leo ,leaswanstreck

tu habites à Paris ? que t’inspires cette ville?

  • J’adore sortir avec de la musique dans mes écouteurs, du genre « Roddy » de Djo et marcher comme ci j’étais en train de flotter sur le béton.
  • Regarder les visages des passants, les détails de cette ville que je ne vois pas d’habitude.
  • Prendre un vélo, aller à fond et partir vers le marais puis quand il commence à pleuvoir, m’imaginer dans un film romantique, comme ci on était tous des personnages du film et là en général je souris ou je pleure.
  • Marcher et m’arrêter pour écouter un pianiste, être hypnotisée, puis repartir de plus belle en dansant discrètement sur ma musique. Et là, retrouver un ou une ami(e), et le prendre dans les bras. Dans ces moments, tout va bien à Paris.
« Quand je me sens seule, je me dis que j’ai de la chance d’avoir de l’imagination »
Instant par Boris Barthes

La musique a t-elle toujours fait partie de ta vie ? comment y es tu parvenue?

Je crois que oui, mes parents passaient de tout, Henri Salvador, Compay Segundo, Cesaria Evora, The Beatles, Boubacar Traoré, Lisa Ekdahl, Morcheeba, Bernard Lavilliers, Bobby Lapointe. Mes grandes sœurs en écoutaient aussi beaucoup, donc j’ai vite écourtéma phase Britney Spears.

Dans ma première école de théâtre L’éponyme à Paris, on avait des cours de chant.Un jour ma prof de chant m’a fait chanté Sympathique de Pink Martini. Je me suis découverte une voix. J’avais une voix de femme. J’ai halluciné comme je pouvais
aller dans les graves. Quelques semaines après j’ai chanté Jimmy de Moriarty . Ce fut le déclic, J’avais touché le public! Je me suis donc dis que j’aimerai essayer de m’y former. J’avais 21 ans, j’ai alors fais toutes ces formations dont je parle au début de l’interview.

L’année dernière j’ai fais mon premier concert pour mon projet solo, SWAN, lors de l’évènement de notre collectif La Sulfureuse. https://www.instagram.com/sulfureuse3000/

j’espère sortir mon album un jour …

God damn Goddess. I KNEW IT ! Dieu est une femme !

Quelle formation recommandes tu pour le chant et pour le théâtre ?

Pour la musique, c’est vraiment personnel, je ne pense pas qu’il y ait une meilleure formation qu’une autre. Pour moi, j’ai le plus appris en Jam session. Ça permet d’améliorer l’écoute, la créativité, la concentration, recevoir sans vouloir se montrer, sortir de sa zone de confort, savoir faire face au manque d’inspirations et aux échecs, mais aussi aux
moments de grâce !


Pour le cinéma, c’est clairement l’Actors Factory, un studio d’acteurs créé par Tiffany Stern qui a développé la méthode Stern inspiré du courant Actors studio et Stanislavsky. On s’y sent comme à la maison, c’est une aventure humaine. C’est plonger au cœur de l’honnêteté, de l’organique, de l’exigence, du vrai, de la bienveillance. C’est utiliser son instrument dans toutes ces facettes et bien au delà! j’ai grandi et été chamboulée dans ce studio !

Pour être un actrice forte, il faut être une personne forte » dirait Tiff, alors on passe par tout, pour être prêt à tout !

Quel autre pays fait parti de ton histoire ?

L’Inde et le Ghana car j’y ai voyagé et ces pays m’inspirent énormément aujourd’hui dans la création. J’y ai pris des cours de musique chaque fois. Depuis toute petite je sens une connexion avec les pays d’Afrique de l’Ouest, je suis très attirée par leur culture, leurs musiques, leurs traditions, leurs danses et leurs rythmes chaloupés ! J’aime l’intégrer dans ma musique et ma vie.

Tu peux me parler de ton groupe de musique?

Je suis en solo. Je m’appelle « Swan », c’est mon deuxième prénom. Je compose et j’écris des morceaux, avec l’aide de Suzanne Léo parfois. Je suis très inspirée quand je compose avec d’autres personnes, surtout avec Suzanne, avec elle c’est une évidence, elle commence une phrase je la finis et inversement. C’est rare de trouver des connexions musicales et poétiques comme celle ci.

nos répètes finissent souvent dans l’état d’une chambre de petite fillesaprès un anniversaire, dans la liberté et le bordel!

Quelles sont tes sources d’inspirations ?

En musique, j’ai beaucoup écouté Camille, c’est vraiment mon inspiration . Je trouve qu’elle fait preuve d’une grande créativité et originalité. Bobby Mc Ferrin aussi, connu pour Don’t worry be happy, mais il est tellement plus que ce tube , son album « Simple pleasures » par exempl. André Minvielle pour sa poésie. Ma dernière découverte c’est
Kolinga, un duo d’afro-folk .
Dans mon parcours, j’ai fais face à ma plus grande peur, la peur de me sentir vide : pas d’inspirations, pas d’imaginations. Dans ces moments, je vais marcher, je lis un livre inspirant, je prend une bonne douche, je vais plonger dans une méditation, ou j’écris mes pensées et les plus noires aussi. J’essaie d’être complètement honnête avec moi même,car
c’est facile de se mentir. Mais surtout j’arrête d’essayer de faire, je fais le vide.

Comment être inspiré si je n’ai pas de place en moi pour recevoir ?

Et puis parfois, sans m’y attendre, l’inspiration revient, surtout quand je n’essaie pas de faire quelque chose pour
être vu ou entendu, mais juste pour moi, parce que j’en ressens le besoin très fort. C’est dans mes tripes ainsi je laisse cette énergie s’exprimer. Parfois je déprime quelques jours parce que je joue le jeu de la tristesse, puis ça finit par partir.

Tu fais des tournages, du chant, tu es en formation, comment gères tu ton emploi du temps ?

Chaque journée est différente et j’ai fini par m’y faire et à aimer ça.

Par contre, quand je n’ai pas de rendez vous la journée, je m’impose quand même de travailler, donc soit d’écrire, soit d’envoyer des candidatures. Franchement, je ne suis pas la reine de l’organisation du tout, je n’ai jamais eu un rythme constant plus d’un mois, sauf pour aller en formation !

faire du sport ça fait aussi partie de mon travail

Que regardes-tu en ce moment ? un film qui t’a marqué ces derniers temps ?

En ce moment je regarde tous les Myazaki, ça me fait rêver et me rend toute gaga. J’adore l’univers de « Réalité » de Quentin Dupieux, pour moi c’est du génie. Mon film préféré de l’année c’est « Marriage Story » de Noah Baumbach et en série « Girls » de Lena Dunham.

Instant par Rebecca Vaughan Cosquéric

Peux tu nous raconter un des plus beaux jours de ta vie?

Je suis ultra fan de Bobby Mc Ferrin et j’ai été le voir en concert au Théâtre du Châtelet à Paris . Il a proposé de faire participer des personnes du public, une personne y est allé, puis une seconde, ils ont chantés. Et là, il annonce que c’est la dernière personne qu’il invite sur scène, je n’osais pas y aller jusqu’alors, mais ça m’a pris d’un coup : je cours, je descend, je dépasse tout le monde qui faisait la queue en disant « excusez moi, excusez moi, mais faut vraiment que j’y aille » et j’y vais en levant la main, puis, joie, il m’invite à venir sur scène.

Je m’assoie à côté de lui, après les présentations, on se met à improviser, il m’emporte dans son univers incroyable et je me mets à chanter des trucs qui ne m’appartiennent même plus, ça passe, ça vibre. Quand on finit il me prend dans les
bras, le public applaudit et je sors de scène, émue, tremblante de trac et de plaisir.


À la fin du spectacle, nous sortons devant le théâtre et il y a une dizaine de personne qui viennent me faire des compliments sur la prestation, j’avais l’impression d’avoir fait partie du concert, c’était généreux de leur part de venir me dire ce qu’ils en pensaient. C’était magique.

Pourquoi cette nécessité de jouer des personnages?

Jouer des personnages qui ne sont pas moi, c’est une façon d’explorer l’humain dans toutes ses possibilités, ses dimensions, d’aller plus loin que ma propre identité, mon propre caractère, c’est me donner l’opportunité d’expérimenter, de manier et de ressentir des émotions fortes , extrêmes ou simples, que je ne m’autorise pas ou ne souhaite pas
ressentir forcément au quotidien. M’autoriser à tout être et à ne rien être. Laisser passer la force universelle en moi sans m’y identifier.C’est aussi dévoiler des messages, faire du bien au spectateur.

Je vois comment je ressors souvent touchée et changée après un spectacle ou un film,pourquoi je ne pourrais pas transmettre ça, moi aussi?

Je crois avoir aussi beaucoup observé pendant mon enfance, mes frères et sœurs ont des caractères très explosifs et j’ai eu des spectacles devant moi, étant hyper-sensible je prenais tout à cœur dans le silence. Je crois qu’après coup, j’ai pensé que c’était à moi d’interpréter maintenant.

Peux tu nous confier les déclics sur ton chemin de vie?

Peut être le moment où j’ai compris que je vivais à 10% de mes capacités, caché derrière mes peurs, mes envies de plaire, mes envies de réussites et d’être bien vu . Alors je me suis dis qu’il fallait que j’arrête de me censurer, de me formater et que je ne pouvais pas être aimé de tous.

Ça m’a vraiment détendue pour la suite et pour les castings, mais c’est pas toujours évident !


La phrase « tu as le droit de changer » a été un déclic aussi, elle est ultra importante pour moi au quotidien. On est pas censé rester les mêmes, censé rester toujours disponible à l’autre si on l’a été pendant des années, censé aimer toujours. Je me délivre de mon moi du passé quand je me répète cela, je me laisse l’opportunité d’être qui je veux !

Quelle est ta mission de vie?

Guérisseuse à travers l’art

L’émotion qui me pousse à faire de l’art, à créer, c’est l’amour. Cette émotion est si présente en moi que parfois je ne sais pas quoi en faire, ça déborde ! Donc je la canalise en créant, en donnant. Évidemment j’en reçois des autres, de la
nature, des animaux, de la beauté des petites choses du quotidien et je m’en donne en générant de la gratitude, sinon je m’essoufflerai toute seule.

As tu une routine beauté?

Ma peau et moi c’est compliqué. Depuis que j’ai arrêté la pilule il y a 8 mois, j’ai de l’acné qui arrive en trombe. Du coup, je fais mon max pour la limité et en prendre soin. Je me démaquille à l’huile démaquillante de Aésop. Je nettoie ma peau au tonique anti mperfections à la menthe poivrée de Sanoflore. Je fais ensuite un masque au Rhassoul et je finis par mettre de l‘huile de jojoba et parfois de Tea tree ou géranium rosat sur les boutons. Il m’arrive de ne rien mettre du tout sur mon visage pendant une journée. Je la laisse bosser tranquille. J’ai appris à me faire des massages lymphatiques du visage aussi c’est super . L’été je fais une cure de poudre d’Urucum aussi pour éviter d’avoir de l’acné à cause du soleil.

Tu es plutôt Pilate ou yoga?

Les deux ! Pilate le midi et yoga le soir.

tu es en train d’écrire un seule en scène tu peux nous en parler?

Ce que c’est fastidieux ! J’ai eu envie de partager mes découvertes intérieures et je me suis mise à écrire. En octobre 2019, j’ai commencé un processus pranique, qui consiste à ne pas manger d’aliments solides pendant 21 jours, mais à s’alimenter de « prana » (énergie vitale en sanskrit) c’est à dire transformer les éléments et l’invisible en énergie
nourrissante (soleil, méditation, respiration, mouvements, lecture, ce qui te nourris et te remplit). J’écrivais tous les jours mes déclics, mes blocages et après avoir traversé ce que j’appelle aujourd’hui, l’une des plus fortes expériences de ma vie, j’ai décidé de partager mon expérience mais surtout mes découvertes sur le développement personnel, avec
franchise et spontanéité.

Je vais y mêler ma musique et mes textes, peut être même que j’y ferai un peu de clown… Je t’avoue que parfois je me dis,  » Attends qui es tu pour avoir l’impression que les gens vont venir vouloir t’écouter ? Tu as vraiment des trucs à dire ? ce
doute de l’artiste « .

comment prépares tu tes personnages ?

À L’Actors Factory, j’ai appris une technique très précise. Notre personnage en vient à vraiment exister, il n’est pas seulement sur un papier. Il a une temporalité, des peurs, des pensées, des faiblesses, des forces, de l’humanité, on en tombe amoureux !

On le construit de A à Z et surtout on n’oublie jamais sa motivation dans la scène. Puis on met en lien notre essence personnelle d’acteur (une phrase qui va être parlante pour mon instrument d’actrice et qui va faire naître une émotion dans mon corps qui sera en lien avec la scène). Cette phrase on va se la répéter avant de rentrer sur scène. Mais bien
avant de rentrer sur scène, j’utilise la musique.

J’ai des playlists en fonction de l’état que mon personnage va vivre sur scène, par exemple : l’amour, l’impuissance, la haine, la puissance, le sexe, la honte, la solitude. J’écoute donc des morceaux qui vont m’aider à traverser ces 4 états principaux pendant mon échauffement, avec des images, des pensées, des mouvements , visualisations, animaux, couleurs, qui sont en liens avec ces états. Puis je revis aussi le moment d’avant, c’est à dire ce qui se passe pour mon
personnage juste avant d’entrer dans la scène.

Et là, on arrive prêt, disponible , on oublie la technique et tout arrive…

As tu un agent artistique qui te représente?

Ma chère Nathalie Dubourdieu, je l’ai rencontré alors qu’elle était aussi actrice, nous faisions un atelier casting avec Nora Habib et nous avons eu un coup de cœur l’une pour l’autre. Elle m’a proposé à l’époque de me présenter son agent et finalement, quelques mois plus tard, alors que j’étais sur la route des vacances et que je venais de boucler ma
première bande démo, elle me propose de faire partie de son agence qu’elle est en train de monter !

Incroyable timing, c’était parfait ! C’est une lionne de la sagesse Nathalie, elle fonce et elle est indispensable.

Léa swan et Nathalie Dubourdieu sur la croisette à Cannes.

Cet article à été écrit en écoutant en boucle KOLINGA – Kongo feat. Gaël Faye

À propos de l'auteur ...

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Julie Duval

Comédienne, actrice, metteuse en scène, boxeuse. Julie Duval à grandi dans le sud de la France à Fréjus. Ce qu'elle aime plus que tout c'est écrire, jouer et donner vie à des personnages qu'elle affectionne par le biais de l'observation.

Elle passe son enfance dans la nature et au bord de la plage avec ses parents et sa soeur, à cette période Julie va développer son sens de l'observation et découvrir la préciosité des choses, à travers les détails. C'est à l'âge de 19 ans qu'elle va quitter les siens pour découvrir une nouvelle vie à Paris.
Elle tombe amoureuse de la littérature, de la scène et s'entoure en créant, en cherchant et en s'interrogeant sur le monde d'aujourd'hui et l'avenir de demain. En parallèle Julie pratique la boxe thaïlandaise. Son corps est une arme et elle s'en sert sur scène et dans la vie comme un moyen d'expression puissant. Transmettre, écouter, transformer, Julie aime passer du temps avec les gens c'est sa plus grande source d'inspiration.
Julie aime la dolce vita de Dior c'est son tout premier parfum.